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« Géopolitique de l’olympisme » : le fractionnement du monde vu par le sport

La revue des revues. Paris se prépare à accueillir les Jeux olympiques d’été et la France espère ainsi rappeler au monde quelle place elle entend occuper dans celui-ci. Car le sport n’est pas qu’un affrontement entre athlètes, mais aussi entre puissances, c’est ce que vient souligner le plus récent numéro de la revue de géographie Hérodote. Géopolitique de l’olympisme (La Découverte, numéro 192, 160 pages, 24 euros).
La cérémonie d’ouverture du 26 juillet, qui se déroulera sur la Seine, aura tout d’un spectacle grandiose par lequel Paris entend briller : 110 bateaux transporteront les délégations sportives lors d’une fête populaire devant certains des plus beaux monuments de la Ville Lumière. Avec cet événement, la capitale nationale « s’affirme comme une ville mondiale au passé prestigieux et qui, en osant innover, montre ses capacités logistiques et d’organisation », estime dans son éditorial la directrice d’Hérodote, Béatrice Giblin. L’espoir est de faire mieux que Londres, « vieille rivale de Paris », où l’olympiade de 2012 avait été lancée par une cérémonie d’ouverture remarquée.
Mais le véritable enjeu de géopolitique réside dans la participation des athlètes russes et biélorusses aux JO sous la bannière de leurs pays. Au lendemain de l’invasion de l’Ukraine, le Comité international olympique (CIO) avait banni leurs fédérations de toute compétition internationale. Un lent travail pour leur réintégration est en cours. Néanmoins, face à la menace ukrainienne de boycotter les Jeux, « le CIO, promoteur de la paix par le sport, et la France, pays des droits de l’homme, pourront difficilement ne pas prendre le parti » de Kiev, note Béatrice Giblin.
Cette bataille est une nouvelle illustration du fractionnement du monde, sous la pression de puissances hostiles, comme la Russie. Professeur honoraire de l’université de Lausanne (Suisse), Jean-Loup Chappelet le rappelle en conclusion de son article sur la gouvernance du sport : Moscou veut soutenir le lancement de Jeux parallèles, organisé par les BRICS (un regroupement de dix pays formé, à l’origine, du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud) ou encore de l’Organisation de coopération de Shanghaï. Le président russe, Vladimir Poutine, ne fait pas mystère de sa volonté de « remplacer le système sportif mondial (dominé par le CIO) par un autre », précise Jean-Loup Chappelet.
Ce projet survient alors que l’histoire de la gouvernance du sport est marquée depuis le début du XXe siècle par de nombreuses affaires de corruption au sein de certaines fédérations sportives internationales, notamment celles de football, de volley-ball et d’athlétisme. Les fédérations, qui ont pu rivaliser avec le CIO pour diriger le sport mondial, en ressortent affaiblies. Aujourd’hui, d’autres forces sont peut-être appelées à jouer un rôle plus important : les multinationales, mais aussi les athlètes, qui sont encore « indirectement représentés ». C’est peut-être le seul motif d’espoir dans cette géopolitique du sport.
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